Lundi 16 Octobre 2011 : qu’est ce que la littérature ?

16h27

L’interrogation n’est pas nouvelle et Jean-Paul y a répondu avant moi et sans aucun doute avec plus de talent ! Il ne s’agit donc pas pour moi, d’écrire un billet sur la littérature engagée, mais plutôt sur mon engagement en littérature.

Cette interrogation germe dans ma tête depuis plusieurs mois, et soudain m’est apparue une dichotomie assez claire qui était sous mon nez depuis longtemps : la distinction entre Lecture dilettante et Lecture Littéraire. Deux types de lecture qui entraînent deux perceptions des livres. Si enfant et encore adolescente, je lisais en dilettante, je pense que mes études de lettres, m’ont permis de percevoir les livres d’une autre façon, la façon littéraire, de faire la distinction entre une œuvre littéraire et une œuvre qui ne le serait pas.

J’ai souvent hésité en parlant de mon blog entre dire un blog de lecture ou un blog littéraire. Pour une raison simple qui est que, de plus en plus, l’adjectif littéraire se trouve auréolé d’un préjugé de plus en plus tenace assimilé à intellectuel. Aussi dire que mon blog est littéraire, c’est courir le risque d’être taxée d’intello, de snob et j’en passe.

Il convient donc dans un premier temps de remettre les choses à leur place. Ainsi le terme Littérature signifie avant tout : « ensemble des œuvres écrites comportant une dimension esthétique« . Les romans dits littéraires relèvent donc de l’esthétique, c’est-à-dire de l’art, d’une recherche esthétique qui va donc au-delà de l’écriture pour raconter une histoire. (Attention toutefois et petit précision : un blog littéraire ne signifie par un blog ayant une dimension esthétique, mais un blog ayant une démarche littéraire dans l’appréciation des œuvres).

Tout comme un roman littéraire n’est pas forcément intello et donc ch…., un roman non littéraire n’est pas non plus une vaste fumisterie… les enjeux ne sont, simplement, pas les mêmes. C’est pour cela qu’au début de ce billet je parlais de lecture dilettante et de lecture littéraire, en sachant que je pratique les deux, mais.

Oui, mais… car la lecture si elle est un plaisir (sur ce point il n’est rien à dire), un moment d’évasion (on est d’accord), un divertissement agréable (on s’entend sur cela aussi), la lecture pour moi, va aussi au-delà. Et l’au-delà réside précisément dans cette recherche esthétique que mènent certains auteurs, une recherche stylistique, une réflexion sur l’évolution de l’écriture romanesque. Car ce qui m’intéresse au-delà de l’histoire racontée, au-delà des émotions ressentis, ce sont les mots. Ce que j’aime c’est être surprise par une phrase parfaite, par une page où il ne se passe rien et où pourtant tout est dit. Comme me le faisait remarquer une amie hier, la description d’une simple feuille qui tombe peut être un vrai bonheur littéraire, et de lecture, car le choix des mots aura tendance à sublimer cette chute.

Il ne faut voir ici aucun jugement de valeur en faveur de l’une ou de l’autre lecture. La Lecture sous-entend la lecture d’œuvres littéraires et non, ou moins, littéraires. Et que le grand avantage des livres c’est qu’ils sont très nombreux et variés, et que je passe avec plaisir de l’un à l’autre. Mais je crois aussi que la distinction est nécessaire, et que tout ne se vaut pas.

Mon bonheur de lectrice je le trouve donc autant (pour ne pas dire davantage) dans les mots que dans l’histoire racontée. Je ressens un plaisir intense à sentir que je n’ai pas épuisé tous les sens d’un texte, quand tout n’est pas déballé d’un coup, et que l’on sent, dans le choix des mots, dans les allusions, les références, un sens second qui pourrait nous amener plus loin.

Mais le roman sublime est sans doute celui qui fait oublier le travail sur le style, et qui, sans être pédant, vous embarque dans une histoire.

14 réflexions au sujet de « Lundi 16 Octobre 2011 : qu’est ce que la littérature ? »

  1. Je trouve que tu as très bien su avec tes mots développer ce que tu évoquais hier. Tout comme toi, je suis très sensible aux mots et aux phrases (j’ai pas fait des études de linguistique pour rien), c’est pour ça que parfois je vais aimer lire Quignard par exemple, même si je ne comprends parfois rien à ce qu’il écrit, juste parce c’est si beau. C’est aussi pour cela que nous sommes des lectrices exigeantes (et snob, élitistes, je m’en fous…) mais fières de l’être !

    • exigeantes oui, je crois que plus on lit plus on l’est ! Quignard n’est pas le plus simple, mais « tous les matins du monde » est une pépite !

  2. J’ai justement entendu quelqu’un qui parlait de cela à la radio ce matin, du bon et du mauvais livre, de ce qu’il faut appeler « littérature » alors même, disait ce journaliste, qu’aucun universitaire ne la définit (il faudrait quand même qu’il se renseigne) 😉
    J’avoue être moins exigente et apprécier aussi de lire un roman dit « facile » de temps en temps, à condition de l’avoir choisi comme telle et de ne pas être trompée sur la marchandise. Si on m’annonce un grand roman et qu’il s’agit d’un Harlequin, je ne suis pas d’accord !

    • Ah ces journalistes 😉 !!!pourtant ce n’est pas compliqué de trouver une définition !
      concernant ce que tu dis dans ta 2ème partie, ça rejoint ce que dit Wharton finalement dans « le vice de la lecture », un bon roman ne se résume pas à une bonne histoire !

  3. Je suis assez d’accord avec ce que tu as si bien su définir. Personnellement, je n’aborde pas un Zola ou un Victor Hugo de la même façon qu’un Stieg Larsson ou une Stephenie Meyer. Je les ai lu et apprécié autant les uns que les autres et, comme le dit Estellecalim, il est parfois agréable d’aborder un livre plus « facile ». Surtout quand on le sait écrit comme tel… Par contre, loin de moi l’idée de « traiter » quelqu’un de snob s’il lit de grands auteurs… Lire pour le plaisir des mots est quasi obligatoire, sinon que resterait-il? Tout comme on parlait de lire à voix haute, les mots et les idées n’ont pas la même résonance selon ce que l’on lit… J’aime aussi le terme de « mâcher » les mots quand on lit… Un peu comme si je « mangeais » ce que je lis, pour mieux l’assimiler, le digérer… C’est quand même plus agréable à l’oreille, surtout quand les mots sont si bien « assemblés » qu’ils « coulent » tout seuls… Je suis définitivement contre le fait de catégoriser les gens qui lisent de grands auteurs comme des élitistes…

    • j’aime bien ton expression « mâcher les mots », car ça correspond bien à ma façon de lire aussi ! je crois qu’il faut être élitiste parfois quand on lit, éviter d’aller toujours vers la facilité, parce que mine de rien à force de ne plus lire des textes plus exigeants on a plus de mal ensuite pour les aborder !

  4. Tu as mis les mots parfaits sur cette dichotomie en me permettant de mettre au clair ma démarche de lectrice. J’ai toujours eu la plus grande difficulté à expliquer mon goût pour la littérature et me contentait de dire que j’aimais la lecture. Ce qui n’a rien à voir…

    Je saurai quoi dire dorénavant ! ou mieux, je ferai tout simplement lire ton blog !!

    Mais bon, comme Delphine, j’aimais bien être un peu snob aussi…:-)

    • Merci à toi, car notre discussion d’hier m’a aidée aussi à trouver les mots sur une question qui me trottait depuis pas mal de temps !!!
      Snob, sans doute, intello aussi dans le bon sens du terme 🙂 !!

  5. J’avoue plus facilement taper dans le domaine de la lectrice dilettante que la lectrice littéraire, même si le littéraire me fait envie de temps à autre…Je ne suis pas toujours celle nono plus qui analyse plus l’écriture au récit proprement dit…par contre une belle écriture me saute aux yeux…ce n’est pas souvent, mais voilà…peut-être que ce serait plus souvent le cas en lisant plus d’ouvrages littéraires…

    • POur les classiques on sait, c’est pour les romans contemporains que c’est plus dur, parce que les médias ne sont pas toujours bon juges, il ne reste que notre propre lecture pour nous faire notre opinion ! grâce à ton challenge on va lire de la très très bonne littérature 😉

  6. On dirait qu’Edith Wharton t’a inspirée! 🙂
    Bon, moi il y a un truc qui m’énerve franchement, et ce depuis ton fameux billet qui a fait scandale il y a quelques mois : pourquoi faut absolument assimiler intello à chiant? Pourquoi intello et élitiste devraient-ils être considérés comme des insultes? Pourquoi faudrait-il s’excuser de l’être et s’attendre à se prendre une volée de bois vert dès qu’on court le risque d’en être accusé? On n’est plus au collège quand même!
    Bon, ceci étant dit, pour moi je suis clairement une lectrice dilettante, parce que je recherche le plaisir et les émotions dans ma lecture. Pour autant, je suis moi aussi très sensible aux mots. Mais là encore, ma sensibilité est de l’ordre de l’intuitif et de l’émotion. Je serais totalement incapable de faire une analyse littéraire comme tu le fais parfois, tout simplement parce que je n’ai pas le bagage pour ça. Je me contente de constater que je ressens quelque chose ou pas, comme je le ferais devant un tableau.Du coup, j’ai un peu de mal à appréhender comme tu définis la différence entre dilettante et littéraire.
    Par ailleurs, pour moi lecture plaisir n’est pas pour autant synonyme de lecture facile. Je suis même plutôt casse-pieds et exigeante.

    • Je comprends très bien ton coup de gueule, et pour moi non plus intello n’est pas une insulte, concernant ce fameux billet dont tu parles, j’ai appris depuis à être plus diplomate même si mon avis n’a guère changé sur le fond des choses !
      Tu es certes une lectrice dilettante, mais tes connaissances en Histoire pour certains romans te donnent un atout particulier sur les romans historiques, et apportent un plus qu’une lectrice lambda ne percevra peut-être pas. Le plaisir je le trouve aussi dans des romans plus littéraires ; un roman facile ou léger si tu préfères sera d’autant plus agréable si le style coule et ne bloque pas ma lecture !

  7. Tu as parfaitement résumé ce que je ressens et sans avoir besoin comme certaines personnes que je connais de rabaisser le lecteur dilettante, ce que je suis plus souvent qu’à mon compte d’ailleurs.
    Faudra que j’essaye de mettre un forme un de ces jours la façon dont j’envisage la lecture tiens, ça pourrait me clarifier les idées ^^

  8. Pourquoi mon abonnement à ce blog ne marche-t-il pas ? Je ne reçois pas les mails de « nouveau billet » :!!! Bref, je serai toujours dilettante en informatique …no comment ! Je suis bien d’accord avec toi et je me suis souvent fait traiter (péjorativement bien sûr) d’intello alors que je lisais des livres que je qualifierais aujourd’hui de faciles ! Pourquoi ? Je dis qu’avec le temps notre façon de lire évolue, comme dans beaucoup de domaines nos exigences changent .nos émotions aussi. Et nous n’avons pas tous le même regard devant la « beauté » d’un style. Un peu comme devant un tableau, entre un Picasso et un Monet, les deux étant réputés de qualité, les avis ne seront pas les mêmes et les sensibilités non plus. Dieu merci, à part chez les critiques littéraires assermentés à un journal, le consensus parfait n’existe pas ! Et tant mieux pour nous… Les débats restent ouverts. 😉

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