Dimanche 6 Novembre (suite) : Fulminer

18h14

Je n’écris presque rien depuis des mois et voilà que ce soir je ponds deux billets à la suite… c’est que depuis une heure (mais en fait depuis 3 jours), je bataille avec un roman jeunesse qu’un éditeur m’a envoyé. Pour l’instant je ne citerai pas le titre de cette série (j’en suis au tome 1, aurai-je le courage de lire les deux autres tomes ?). Mais là il faut vraiment que je me lâche parce que c’est insupportable  !

L’histoire en elle-même n’est pas en jeu, mais l’écriture et l’édition sont déplorables. Comment peut-on proposer à de jeunes lecteurs un texte bourré de coquilles, à la ponctuation plus qu’aléatoire et un style si peu travaillé ? J’ai l’impression d’avoir entre les mains des épreuves non corrigées. La ponctuation est une respiration et permet de comprendre un texte, ainsi quand on lit une telle phrase on s’interroge : Alice regardait son enfant, s’amusait et lui enviait ce qu’elle prenait pour de l’innocence. (p.14). Phrase bancale : pourquoi Alice s’amuse-t-elle alors même qu’elle se trouve dans un situation angoissante qui ne l’amuse pas du tout. La phrase ne devrait-elle pas être plutôt : Alice regardait son enfant s’amuser, et lui enviait ce qu’elle prenait pour de l’innocence. En effet l’enfant s’amuse puisqu’il est dit plus haut : Il lâcha la main de sa mère et tout heureux il sautilla le long du trottoir. (p.14) (remarquons que là aussi une ou deux virgules auraient été les bienvenues). On trouve aussi des expressions malmenées comme « sans autre forme de préavis » (p.18) au lieu de « sans autre forme de procès » ou « la vieille dame avait fait les réponses et les questions. » au lieu bien sûr de « les questions et les réponses », car en général on pose les questions avant de donner des réponses ; ou encore « Du retour du marché » (p.20) au lieu de « De retour du marché ». Les codes du dialogue écrit ne sont guère épargnés, avec des guillemets d’ouverture oubliés, ou là encore une ponctuation maladroite qui entraîne un style  problématique : « Maman, m’a demandé de vous apporter votre tisane, madame Hacket dit le jeune garçon le plus poliment possible.« . Si la première virgule est totalement inutile à cette place, on déplore l’absence de virgule après « Hacket ». L’auteur confond lave-vaisselle et lave-linge, car je suis désolée mais quand je lis la phrase suivante : « Il déposa son bol dans la machine à laver » (p.53), j’imagine le jeune Ismaël mettre son bol dans le lave-linge et non dans le lave-vaisselle. Si l’on fait une simple recherche sur google en tapant machine à laver, ce sont des images de lave-linge qui apparaissent et non de lave-vaisselle. Rien ne nous est épargné, je vous dis, même pas un simple accord au pluriel : « L’air pur, la gentillesse des commerçants lui mit (sic) du baume au coeur » !!!!! la gentillesse n’étant pas une autre façon de dire d' »air pur », il s’agit donc bien de deux choses différentes et donc d’un pluriel !

A côté de tout cela, les répétitions de formules sont de la gnognotte, je passerai donc sur la répétition de « C’était étrange » à tout bout de champ, mais ne peux m’empêcher de recopier cette phrase si éloquente du style général : « Elle tourne la tête, s’arrête un moment pour me regarder, elle me regarde » (p.89) : certes, si on s’arrête pour regarder c’est sûr que l’on doit regarder, CQFD !

Le problème, voyez-vous, c’est que quand un style est faible et que l’éditeur ne sait pas éditer, on aboutit à un livre désespérant ! D’autant que la composition, la structure même de l’histoire, présente [oui au singulier car je dis finalement  deux fois la même chose mais de façon différente] quelques défauts qu’il aurait fallu corriger.

Bref, je fulmine !

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36 réflexions au sujet de « Dimanche 6 Novembre (suite) : Fulminer »

  1. Est-ce un éditeur connu qui t’a proposé ces livres? Effectivement, voilà des romans dont je n’aimerais pas qu’ils tombent entre les mains du fils de M. Choco, bel exemple quand on se bat au quotidien pour la sauvegarde du français à la maison… 😉

    • grâce à ton commentaire j’ai fait quelques recherches sur cette maison d’édition et je découvre qu’elle est donc toute récente, que le directeur est le mari de l’auteur, et qu’elle-même est le directeur artistique ! on est donc dans l’auto édition et visiblement le tâtonnement dans le domaine de l’édition !

  2. Waouh, effectivement ça laisse à désirer… En tout cas, je ne sais pas si tu es professeure mais si c’est le cas, je n’aurais pas voulu me faire corriger par toi, quand tu n’aimes pas tu fais sortir le dragon ! ^^

  3. Mais c’est très pédagogique. Un bon exemple à envoyer à tous ceux qui pensent que l’éditeur ne sert à rien, et qui proclament que l’on peut s’en passer. Et bien non, il y aura toujours besoin de gens qui bossent et qui permettent à un texte de devenir quelque chose de publiable. Bon courage pour la lecture ceci dit !

  4. Mon Dieu, et moi qui me suis fait assassiner par l’auteur par téléphone et mail, alors que je n’ai osé dire que le quart de la moitié de toi !!!! Mais je te suis sur tout, entièrement d’accord. Autant on passe les petites maladresses d’une jeune auteur, autant les fautes de français sont insupportables, qui plus est pour de la jeunesse !

  5. Impressionnant… Mais c’est quand même hallucinant de passer à côté. La relecture est un exercice difficile, certes, mais quand même!
    Et même en l’écrivant certaines virgules auraient dû s’imposer d’elles-mêmes… incompréhensible :s

  6. ça me rappelle des papiers de correspondants qui nous font ensuite des leçons de journalisme…en gros je fulmine également ! brrr ça fait froid dans le dos de voir des livres arriver comme ça dans les mains d’un enfant ! Honteux ! Un Bescherelle ça ne coûte pas si cher que ça que diable !

  7. Et bien moi je ne suis même pas surprise car j’en suis à mon deuxième ou troisième livre d’auto-édition et hélas, c’est chaque fois pareil, on a l’impression de lire des épreuves et ce, malgré (parfois) une histoire intéressante ! J’en ai lu un qui cumulait, ce n’était plus des coquilles à ce stade (et je ne suis pas prof !); j’ai contacté l’auteur que je connais pour lui dire qu’il me serait impossible de passer là-dessus dans mon billet et bien la réponse :  » on doit tout faire en auto-édition et limite, « ce n’est pas si important que ça » ! J’ai failli m’étrangler et depuis, il va revoir sa copie avec des correcteurs sérieux ! Non mais je te jure ! Je suis comme toi, après je traque la faute et j’en oublie le livre…pas tout à fait quand il est bon mais si en plus il est mauvais, gare à la sentence ! Et va recommander ou offrir ce genre de livre, impossible !

  8. Ouah! Je suis d’accord avec toi, je suis assez intrinsigeante avec l’orthographe (même si je me rends compte que je fais plus de fautes/coquilles en écrivant mes billets ou mes commentaires que je n’en ferais sur une feuille). Dans un autre ordre d’idée, j’ai lu récemment la suite des Lames du Cardinal, également pour la jeunesse, et j’ai été horrifiée de lire dans le tome 2 que Catherine de Médicis était la veuve de Henri IV. Nos jeunes lecteurs méritent mieux que ça.

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