Samedi 10 Décembre 2011 : Blog et Sociologie

18h53

Vendredi matin j’avais rendez-vous avec une jeune femme, docteure en sociologie. Elle m’avait contactée il y a un peu moins d’un mois dans le cadre d’un appel d’offre lancé par le ministère de la Culture qui s’interroge, entre autre, sur les blogs de lecture. Il va de soi que j’ai répondu positivement à cette demande d’entretien, et c’est ainsi que vendredi matin je me suis retrouvée dans un café à papoter pendant 3 heures sur les blogs.

Les questions étaient très variées, allant de mon propre parcours, de la raison d’ouverture de mon blog, des relations entre blogueurs, des relations entre blogueurs et maison d’édition, auteurs et j’en passe, aux modes de fonctionnement, au classement wikio/ebuzzing, en passant par les challenges, Facebook, les pseudos, l’âge des blogueurs, les amitiés créées etc. etc. L’entretien était bien construit et j’ai trouvé cet échange particulièrement intéressant car il faisait écho à plusieurs réflexions que j’ai pu mener ici même.

Etant intarissable sur la question, l’entretien qui ne devait durer qu’une heure et demi a finalement duré, comme je le disais plus haut, trois heures.

Se pose alors toujours la question de l’influence des blogs sur le monde de l’édition et sur les achats en librairie. La personne qui a mené l’entretien devait d’ailleurs interroger des maisons d’édition pour compléter son étude. Peut-être cela permettra-t-il d’avoir une réponse, ou un commencement de réponse notamment sur la raison des services presse que certaines maisons d’édition veulent bien nous envoyer.

Aujourd’hui j’ai lu avec attention un billet intéressant publié sur le blog Livrogne, et qui rejoint, sur certains points l’entretien fait avec la sociologue. En effet Noann regrette le peu de retour de la part des maisons d’édition et des auteurs sur les billets publiés sur son blog de lecture qui a pourtant une grand nombre de visiteurs et de visualisations. Ce manque de retour, et donc, en quelque sorte, de reconnaissance, entraîne, semble-t-il, chez Noann, un certain découragement. Je vous invite à lire son billet.

Lors de l’entretien, nous avons en effet évoqué le problème de crédibilité que les blogueurs peuvent avoir vis-à-vis des critiques professionnels, et donc des maisons d’édition. Quelle est véritablement notre place dans ce monde littéraire, quelle est éventuellement l’ambition que nous accordons à notre blog de lecture ? Je crois que tout dépend finalement de ce que l’on veut faire de notre blog, de ce qu’il représente, de ce que nous cherchons. Il me semble que la plupart des blogueurs est dans une position « attentiste », j’entends par là que nous ne provoquons pas forcément la relation avec un auteur ou avec une maison d’édition, et que, bien souvent, ce sont eux qui viennent nous chercher. Lorsque cela arrive, nous sommes généralement très contents, du moins, moi je le suis, mais ce n’est pas forcément ce que je recherchais à l’ouverture de mon blog, pour la simple raison, que jamais, je n’ai pu imaginer qu’un auteur laisserait un commentaire sur mon blog suite un billet sur l’un de ses romans, par exemple. Quand cela est arrivé (peut-être 5 ou 6 fois en presque 3 ans!), ce fut une vraie récompense et une vraie surprise, car mon but n’était pas celui-là, et que ma seule ambition, si ambition il y avait, était avant tout de me faire plaisir, d’écrire sur mes lectures.

Je crois aussi qu’il ne faut pas se leurrer sur notre relation avec les maisons d’édition, il s’agit d’un deal, rien de plus, un nouveau concept marketing, et nos blogs ne sont que des vitrines en plus par rapport aux grands médias. Il peut arriver que nous entretenions parfois des liens plus personnels avec certains responsables des services presse de certaines maisons d’édition, mais nous sommes juste un maillon supplémentaire de la chaîne de promotion. Je peux comprendre le découragement de Noann, mais je crois que notre envie de bloguer et d’écrire sur nos lectures ne doivent pas se limiter aux retours que nous pourrions avoir avec tel ou tel auteur, ou maison d’édition. Comme le dit très bien Gillossen dans son billet paru le 3 décembre sur le site Elbakin (et que Leiloona avait relayé sur Facebook), nous devons garder notre liberté de chroniquer et de ne pas aimer un roman même si celui-ci nous a été envoyé en service presse, c’est notre liberté face à ce deal dont je parlais plus haut, et c’est aussi le risque que prennent les maisons d’édition en nous envoyant leurs romans. C’est pourquoi je pense sincèrement que la critique négative est essentielle car elle marque notre différence face aux critiques souvent trop consensuelles que nous pouvons lire dans la presse, ou entendre à la télé ou à la radio.

Une chose est sûre le travail de « ma » docteure en sociologie sur les blogs de lecture marque sans doute un certain tournant, et révèle aussi que les blogs commencent à poser question, et à intriguer.

J’attends la suite avec impatience, et ne manquerais pas d’en parler ici.

39 réflexions au sujet de « Samedi 10 Décembre 2011 : Blog et Sociologie »

  1. Ah ben oui, on attend les conclusions de cette enquête.
    Personnellement, plus que les réactions des auteurs, j’aime les lecteurs qui reviennent sur un article pour dire qu’ils ont acheté le livre suite au billet et l’ont aimé.
    Après, il est clair que l’effet réel est difficile à mesurer, mais pas plus que pour les critiques professionnels ou tout autre support, à part Pivot dont on pouvait mesurer l’influence tant les librairies étaient prises d’assaut le samedi, lendemain du jour de diffusion d’Apostrophe, les gens demandant « les livres vus hier soir chez Pivot » (les libraires n’avaient pas intérêt à louper l’émission) !

    • Je ne manquerai pas d’en parler !
      Je suis d’accord, un mail ou un commentaire d’une personne, et encore plus quand celle-ci n’a pas de blog, qui prend la peine de nous écrire pour nous remercier, c’est sans doute la meilleure des reconnaissances !
      Il va être dur de faire aussi bien que Pivot 😉

  2. J’avais été contactée, j’ai répondu que j’habitais à Brest et pas de retour. Pourtant j’étais très intréessée par cette étude, dommage!

    Oui, dès que nous aimons un livre : reçu , acheté ou emprunté nous sommes des vitrine publicitaires pour les maisons d’édition ( surtout quand il est paru depuis peu)
    Et quand il y a polémique autour d’un livre : des avis tranchés ou très différents ,le livre fait parler de lui et c’est également une forme de publicité.

    L’exemple le plus flagrant est de voir durant une ou deux semaines un livre sur des dizaines de blogs. Et voilà une campagne publicitaire à coup de SP envoyés aux blogs qui finalement ne revient pas très cher…

    • Effectivement nous avons évoqué ton blog, et notamment du problème de définir l’âge de la blogueuse qui se cache derrière. Visiblement les sociologues semblaient avoir du mal à mettre un âge sur les blogueurs, dans la mesure où je parlais de mes enfants, ils en ont déduit que j’avais un certain âge ou un âge certain ! Finalement ils n’ont choisi que 4 blogueurs, un par docteur ou doctorant.
      Je suis entièrement d’accord avec toi dans la deuxième partie de ton commentaire, et je ne prends pas forcément un service presse comme une récompense de mon « travail » sur le blog, je sais très bien que ma position dans wikio m’offre des opportunité, mais que cela n’a pas forcément à voir avec la qualité de mon blog. Wikio est un outil très utilisé je crois par les éditeurs pour s’y retrouver un peu, mais n’offre qu’une visibilité partielle de la blogosphère !

  3. Je ne reçois pas beaucoup de « services presses » (je n’en sollicite d’ailleurs jamais) mais j’ai déjà eu des partenariat avec Babelio et je n’ai jamais lu ces livres en me disant qu’il fallait aimer à tout prix…d’ailleurs j’ai même abandonné au moins 2 romans reçus par Babelio (et expliqué pourquoi)…pour les maisons d’édition le plus important c’est qu’on parle de leur livre en bien ou en mal…c’est la visibilité qui compte… Par contre, je pense effectivement que nos avis ne sont pas forcément valorisé car nous ne sommes pas de « vrais » critiques… sauf que les gens qui lisent beaucoup choisissent plus souvent leurs lectures par le bouche à oreilles…
    Ca devait être une discussion intéressante, j’espère qu’on en saura plus 😉

    • Disons que nous sommes un gros « bouche à oreille » !
      Pour les services presse les vraies rencontres sont assez rares, et pourtant je n’accepte que les livres que je choisis et qui me donnent envie, mais j’ai fait de belles découvertes, et dans le cas contraire j’ai, comme toi, expliqué pourquoi je n’avais pas aimé !
      Dès que j’ai des nouvelles j’en parlerai !

  4. J’aime beaucoup les études socio sur la lecture. Je guetterai celle-ci.
    Cela m’est arrivé de solliciter les éditeurs, mais j’ai quasiment toujours eu des livres différents de ceux que j’avais demandé. Du coup, je n’en demande plus.
    Par contre, j’ai parfois des scrupules à publier un billet sur un livre si l’auteur est présent sur les réseaux sociaux. Cela m’est arrivé au début de mon blog et aujourd’hui, avec Tatiana de Rosnay. Elle est super gentille, mais c’est vrai que je me dis que j’ai pu lui faire de la peine, et je m’en veux.
    C’est bête, je sais.

    • J’ai remarqué que quand on sollicite on a peu de réponse positive, sauf s’il existe un certain lien déjà établi !
      Pour les critiques négatives je n’ai pas trop de scrupules, mais j’essaie d’argumenter le plus possible, d’expliquer pourquoi ce livre n’a pas pas plu ! j’évite les formules du type : « ce livre est nul » ! Le problème est que le fait de connaître l’auteur peut nous amener à être plus soft dans notre billet. Mais c’est un livre que l’on chronique, sur lequel on donne un avis et non sur la personne, un peu comme quand on note une copie, c’est bien la copie que l’on note et non l’élève. Alors oui c’est facile de le dire et pas toujours facile dans la réalité, mais j’essaie de m’y tenir !

      • En fait, je crois que je crains surtout les insultes de l’auteur dans les commentaires, même si mon billet est argumenté 😉
        Pour le moment, j’ai juste eu un commentaire anonyme avec des citations de critiques pro sur Proust Fiction que personnellement, je n’ai pas aimé. L’agence de presse m’avait promis un autre livre, mais pas de nouvelles. Le billet n’a pas dû leur plaire.
        Mais j’aime bien ton rapprochement avec les copies, car quand c’est mauvais, je le note, je considère que je rends service à l’élève. Ce doit être pareil avec un auteur 🙂

        • et ben moi j’attends l’auteur qui viendrait la ramener, et même pas peur 😉 ! C’est un peu facile de proposer des SP, de nous demander implicitement de les chroniquer et après de râler ! que l’on n’aime pas est un risque à prendre, les éditeurs et l’auteur le prennent, et nous aussi, en le lisant on prend le risque de nous ennuyer à mort !

  5. C’est passionnant, t’en as de la chance ! en tout cas tu étais la plus qualifiée pour représenter les blogueurs littéraires 😉 C’est vrai que je suis tombée des nues quand j’ai découvert la richesse de ces blogs et j’ai été étonnée tout de même que des blogueurs reçoivent des services de presse ! Maintenant que je connais un peu mieux la blogosphère et ses mécanismes je comprends pourquoi ils le font … Mais on est loin d’une vraie reconnaissance c’est sûr …

    J’adore m’interroger sur la sociologie de la lecture (et des bibliothèques …), j’ai hâte de voir ce que cette étude va donner !

  6. Moi aussi je serai très intéressée de lire les conclusions de cette étude!
    Il faut croire que les éditeurs trouvent un intérêt aux blogs de lecture puisqu’ils proposent des partenariats, mais je me demande toujours si les blogs ont un impact quelconque en dehors du microcosme des blogueurs. J’ai d’ailleurs été très agréablement surprise chacune des quelques fois où des visiteurs non blogueurs m’ont contactée pour me dire que je leur avais donné envie de lire des trucs.
    Je n’ai lu qu’une fois un livre dans le cadre d’un partenariat et je n’ai pas été trop emballée par le livre, ce qui ne m’a pas motivée pour recommencer. Je reçois régulièrement des propositions de service presse pour la lubriothèque (généralement pour des ebooks, ce qui n’est pas du tout mon truc). Ce n’est pas quelque chose qui me tente vraiment. La seule fois où j’ai parlé d’un livre que l’auteur m’avait signalé, ça a été de ma propre initiative. Comme je blogue en dilettante, n’ayant que peu de temps pour lire, je perçois plutôt les partenariats comme une contrainte. Je veux pouvoir lire ce que je veux, quand je veux, au rythme que je veux, sans me sentir pressée, et en dire autant de mal que je veux si nécessaire. Je pense que, de moi-même, j’aurais tendance à m’autocensurer si je devais parler d’un livre que je n’ai pas aimé que je n’aurais pas acheté moi-même. Déjà que, comme le dit Estellecalim, des fois j’ai tendance à me demander comment je réagirais à mon propre billet si j’étais l’auteur du livre dont il est question, et à refaire mon billet en l’édulcorant un peu du coup…
    Je pense comme toi que c’est notre honnêteté (et donc nos billets négatifs) qui fait notre crédibilité. C’est du moins ce qui fait que je puise pour mes inspirations de lecture quasi-uniquement dans les blogs et que je ne lis jamais la presse littéraire.
    Par ailleurs, il me semble que l’intérêt des éditeurs est de faire parler de leurs nouveautés et donc de l’actualité littéraire. Or ce que je trouve intéressant avec les blogs, c’est exactement l’inverse : c’est de découvrir des livres dont je n’avais jamais entendu parler. Quand tous les blogs parlent des mêmes livres, ça me saoûle et à la fin je ne lis même plus les billets. Et comme je n’ai pas envie d’écrire ce que je n’aurais pas envie de lire…

    • Je crois que notre rôle, si rôle il y a, n’est pas de nous mettre à la place de l’auteur, nous aussi nous sommes jugés sur nos billets, et je pense que beaucoup ne doivent pas se priver pour nous critiquer, dans la mesure où l’on rend un avis public, ou un roman pour un auteur, on est forcément susceptibles d’être critiqués, c’est un peu le jeu. C’est mon côté frondeur,j’assume mes critiques et tant pis si elles ne plaisent pas. Mais dans les agressions que certaines blogueuses ont dues essuyer revient toujours cette non crédibilité qui nous est jetée à la figure, alors même que nous ne nous définissons pas comme des critiques pro, mais bien comme des lecteurs, disons que c’est l’insulte facile ! On se sert de nous quand ça arrange et on nous oppose notre non professionnalisme quand on critique un roman de façon négative, je trouve cela un peu facile aussi ! pourquoi serions-nous plus crédibles quand nous aimons et plus du tout quand nous n’aimons pas ??? vaste question !
      Pour l’intérêt des blogs, dans ta dernière partie, je crois aussi qu’il se situe dans la découverte de romans ou d’auteurs qui ne font pas l’actualité !

  7. C’est super que tu es pu parler de notre univers pour cette etude…tu es certainement une des plus à même de parler du fonctionnement du blog…je sais que des auteurs comme Carole Martinez s’intéressent aux blogs…mais en effet la comm.’ avec les éditions n’est pas aisé voire nulle…je leur ai envoyé les billets sur mes masse critique et pas de nouvelles du tout…nous sommes en effet une vitrine commerciale ne leur coûtant qu’un livre ! À mon sens. Hâte de voir la suite de tout cela…

    • comme Miss Bouquinaix tu n’es pas objective 😀 !!!
      Pour ce que tu dis, cela rejoint bien ce que je pense, tant que nous sommes « attentistes », ça marche, mais nous ne devons pas avoir la prétention d’être demandeur, du coup le SP apparaît alors comme une gratification, c’est un peu ce qui me dérange ! sauf quand il y a un rapport plus personnel avec certaines personnes des SP, comme cela m’est arrivé avec Buchet-Chastel qui est toujours prêt à m’envoyer les romans que je demande!

      • oui c’est sûr mais après nous pouvons voir ces relations, les premières comme un « entretien » d’embauche, dans le sens où si c’est une personne qui parle intelligemment du livre, ils peuvent dans ce cas se faire un avis et renouveler l’expérience, hors partenariats…
        et moi…pas objective….je ne vois pas de quoi tu parles … 😉

  8. le premier auteur qui a laissé un comm sur un de mes billets est H Loevenbruck (dont je viens de terminer le dernier livre)
    j’ai eu qq comms d’auteurs (5 environ), dont un qui n’a pas apprécié que je relève une erreur, d’autant plus importante que son ancien métier lui permettait de connaître exactement ce qu’il fallait écrire pour ne pas dire de bêtise. il n’a vraiment pas apprécié.
    d’autres ont été enchanté que je parle de leur livre : en bien ou en bof…
    et oui, pour les maisons d’éditions : un blogueur, cela ne coûte pas trop cher, cela a une certaine visibilité, surtout certains blogs très connus.
    pour les autres, si on sollicite un SP, soit on n’a pas de réponse, soit on reçoit un livre et c’est tout, malgré plusieurs relances (je ne suis guère gourmande : j’aimerai bien recevoir des SP d’auteurs scandinaves).
    en revanche, ne pas répondre à un courriel (gentil, of course) est pour moi une marque d’impolitesse voire de dédain. certes, la vitrine d’un blog est moins importante que celle d’un magazine.
    (mais plus honnête !)

    je suis contente que tu aies été interrogée, sais-tu si des blogueuses provinciales/blogueurs provinciaux ont été interrogé(e)s ? parce que là aussi, on voit une grande différence : plusieurs fois, j’ai reçu des courriels me proposant de participer à une lecture ou une dédicace : sympa ! mais je dois poliment refuser : j’habite à 700 km de Paris!!!
    (drôle : quand j’ai reçu un courriel m’invitant à une dédicace d’une auteur qui m’attirait dans le « XXXX magasin » d’une chaîne « proche de chez vous » (sic)… même si le tgv réduit les distances, c’était assez loin… d’autant que ledit magasin a une succursale à une vingtaine de km)

    • Comme toi j’ai eu quelques retours d’auteurs, même sur des livres que je n’avais pas nécessairement aimés, généralement les échanges ont été courtois. Avec certains autres comme J-P Blondel il y a un réel échange, mais j’avoue que je crains le moment où je lirai un livre de lui qui ne me plairait pas.
      Comme souvent avec la culture, il y a Paris et le reste, ce qui est bien dommage !

  9. Je suis d’accord avec toi sur bien des points de ton billet… à tel point que je ne vois pas ce que je pourrais ajouter ! Ah si, deux ou trois choses :

    Je garde tout de même une certaine impression, après presque 2 ans de blog et 280 billets (à nous deux, et parfois même à 3 ou 4), que nos avis ne sont pas toujours pris en compte, comme si les lecteurs se disaient : c’est un blog de particulier, ce n’est qu’un avis d’une personne, et faut voir qui encore… A ceux qui pensent ça, je dirais que rien n’empêche de faire une recherche sur un titre et de lire différents avis. Je dirais aussi que nos opinions sont peu influencées par le « milieu » de l’édition, sauf pour pour ceux qui se sentent mal à l’aise pour critiquer un livre reçu en service de presse. Nos opinions ont donc le mérite d’être indépendantes et intègres…

    Enfin, j’ajouterais que ce qui me surprend le plus, c’est le manque de réaction des petits éditeurs et auteurs méconnus. J’ai rarement des contacts avec eux, alors qu’ils devraient justement profiter de nos espaces pour se faire connaitre. Idem pour les auteurs. Certes je ne m’attend pas à ce que Gaudé vienne nous gratifier d’un merci pour une critique sur un de ses livres : il aurait fort à faire. Mais j’ai rédigé des critiques enthousiastes sur des livres inconnus du grand publics, dénichés chez de petits libraires ou sur le net. Et là non plus, aucun retour. Des mois après, nous sommes toujours parmi les seuls à en parler, et rien….

    Enfin, un cas concret : Blanche de Richemont pour son livre « Harmonie ». Sur sa page FB, elle mettait des liens de partage vers des blogs (2 ou 3 pas plus). J’étais assez étonné qu’elle n’ait pas fait référence à mon article assez positif (il était mentionné sur le site de son agence de presse – donc impossible de ne pas être au courant). Je mets de moi même un lien sur sa page vers mon article… Supprimé ! Je la contacte par message personnel : jamais eu de réponse !

    Autre cas, le site de Fred Deghelt ne mentionnait aucun lien vers des blogs, rien que des articles de journaux. Surpris, je lui ai envoyé un gentil mail à une heure du mat’ pour lui demander si elle nous boudait. Réponse une demi-heure plus tard ; une tirade pour m’expliquer qu’elle n’était pas contre mais que la blogosphère lui semblait un peu compliquée, elle semblait avoir peur de susciter des tensions, et m’a avoué que les références de journaux avaient été fournies par l’agence. Elle m’assure réfléchir à un moyen d’inclure des liens vers des blogs, en donnant la possibilité aux blogueurs oubliés de se manifester.

    Voilà donc…

    • Je crois que beaucoup d’auteurs et d’éditeurs sont un peu largués concernant les blogs, et n’y comprennent pas grand chose, j’ai pu m’en rendre compte lors de l’entretien quand la sociologue m’a interrogée sur l’âge des blogueurs, pour elle la majorité était assez jeune, soit moins de 20 ans, alors qu’il me semble que l’âge moyen approche davantage des 30-40 ans ! Certains éditeurs ont compris que nous avions un certain poids (tout relatif) et jouent vraiment le jeu (je pense notamment à Buchet-Chastel, au site du Point ou du livre de poche par exemple) mais beaucoup, comme Fred Deghelt n’y comprennent pas grand chose, je pense !

  10. Très intéressant ce billet, et ses commentaires, et leurs réponses. Pour moi les choses sont nettes, je blogue pour moi et pour faire connaître des livres et des auteurs et en découvrir d’autres. Si l’on peut faire découvrir un auteur méconnu, tant mieux mais je plussoie le commentaire de noannlyneNOann, les petits éditeurs ne sont pas du tout attentifs à ce genre de publicité gratos. J’ai parlé une fois d’un roman écrit par un auteur serbe, édité à Marseille (dans le genre pas connu…), j’ai envoyé un mail à l’éditeur pour les féliciter et j’ai eu droit, un mois après, à un « merci pour votre soutien ». Certes… Je crois qu’il faut attendre un renouvellement des générations dans les maisons d’édition, même s’il faut admettre que l’impact prescripteur des blogs est microscopique.
    À mon sens le vrai problème c’est que les blogs littéraires sont lus uniquement par des mordus de lecture qui, de toute façon, auraient lu des livres. On ne touche pas les lecteurs occasionnels, et pourtant c’est auprès d’eux que cela vaudrait le plus le coup. Il est difficile de casser cette barrière, de faire venir de nouveaux lecteurs. Il y a quelqu’un plus haut qui dit aimer particulièrement les commentaires de gens qui n’ont pas de blogs, et je suis bien d’accord. On a trop tendance à fonctionner en cercle fermé.

    • J’ai eu des contacts très sympas avec les Allusifs ou Mon petit éditeur, avec même l’envoie du mail de l’auteur dont j’avais parlé, je reçois aussi des SP de la Société des Ecrivains, mais ce sont des maisons d’édition assez jeunes et qui sont sans doute au courant de la valeur des blogs et de ce qu’ils peuvent leur apporter. Tout repose, cela se perçoit à travers les commentaires ici, sur cette fameuse crédibilité, et comme tu le dis sur le fait que nous sommes un microcosme un peu à part ! mais je pense que de plus en plus, des personnes sans blog viennent vers nous, seulement il est difficile pour nous de les repérer car ils laissent rarement des commentaires ! je pense qu’une enquête dans les librairies, qui demanderait aux clients comment ils ont entendu parler des livres qu’ils achètent pourrait être intéressante. On peut aussi regretter que les libraires ne se servent pas plus de nos billets, même si beaucoup de librairies ont un site ou un blog. Je sais que Gérard Collard suit plusieurs blogs, mais cela n’est pas dit ouvertement sauf quand il met un lien vers un blog sur sa page Facebook, mais dans la librairie il n’y en a aucun signe !

  11. Le blog est un phénomène sociologique à n’en pas douter qui va permettre d’étudier de nouveaux comportements. Et je suis d’accord pour dire que notre impact est encore minime mais non négligeable. Je n’ai jamais contacté de SP, ils viennent ou pas je préfère et j’aime partager, en bien ou en mal mes impressions. Maintenant la fin de cette étude nous dira peut-être l’impact réel que nous pouvons avoir… Très intéressant !

  12. Tout à fait d’accord avec Nathalie, sur le côté cercle fermé, on a souvent l’impression que « Les blogueurs littéraires parlent aux blogueurs littéraires », mais on mesure très mal l’impact de nos blogs sur le « tout public », sauf lorsqu’on a des retours (comme celui de Carole sur mon blog cette semaine), en même temps elle n’est pas blogueuse, certes, mais elle est « grande lectrice » tout de même…. encore l’impression d’être dans un cercle fermé.
    En tout cas, je suivrai aussi de près les conclusions de ces travaux, même si j’ai l’impression parfois que la recherche est clairement très en retard/décalage par rapport aux pratiques réelles, la lecture a changé/change avec la révolution numérique/internet et la recherche s’y intéresse bien peu….

    • On vit en vase clos mais parce que, comme je le disais à Nathalie parce qu’on ne sait pas qui nous lit vraiment ! cela revient à ce que nous nous disions sur le nombre de commentaire en rapport à la fréquentation ! quand on a 600 visiteurs uniques par jour et une dizaine de commentaires laissés (soit 1,66% des lecteurs, ce qui est dérisoire!) on se rend compte qu’il est extrêmement difficile de savoir qui nous lit : blogueurs ou tout public !
      C’est sûr que cette étude n’est qu’un début !

  13. Je peste je peste…

    Mais si je fais mon auto-critique, je m’aperçois que moi non plus je ne consultais pas les blogs avant d’en avoir un…
    Et quand j’en ai créé un, j’ai été voir les autres, comment ils faisaient, j’ai sympathisé avec eux comme avec des collègues de bureau (avec parfois le désir – honte à moi – de les faire venir chez moi pour augmenter mes commentaires !)

    Mais je dois avouer que, si je lis des blogs, ce n’est pas pour quérir des avis de lecture. C’est pour partager et parce que le milieu m’est agréable. Quand je choisis un livre, je le fais d’après des extraits et la quatrième de couv’. Je tiens peu compte des blogs dans mes choix de lecture. Diable ! Et avec ça je critique les lecteurs de faire la même chose que moi !

    Que faire pour que les blogs sortent de leur côté intimiste et deviennent des références ?

    • La consultation des blogs de lecture m’a considérablement fait augmenter mes achats et mes lectures, et c’est sans aucun doute par les blogs que je me tiens le plus informée sur les livres. Parce que justement je trouve les avis plus sincères et plus libres que dans les médias, et aussi parce que je me méfie de plus en plus des quatrièmes de couv qui deviennent de plus en plus racoleuses !
      Pour sortir de notre côté intimiste je pense que l’on doit continuer à montrer notre différence par rapport à la critique traditionnelle, et notamment en publiant des avis négatifs, en assumant que l’on n’aime pas un roman, il ne faut absolument pas que l’on rentre dans le jeu du « tout est bien », il faut que nous gardions notre liberté et que nous ne soyons pas intimidés par des attaques d’auteurs, ou le mépris des maisons d’édition ! Je ne sais si nous deviendrons un jour une référence, je crois qu’il y a beaucoup de choses qui entrent en jeu : un ton, une personnalité, une variété dans les titres et plein d’autres choses !

  14. Moi aussi j’assume tout ce que j’écris, mais je sais que, quand je n’aime pas, j’ai parfois tendance à y aller un peu fort.
    Pour ce qui est de la fréquentation des blogs par des non-blogueurs, on n’a aucun moyen de l’évaluer et c’est assez frustrant mais je sais que, pour ma part, j’ai longtemps lu des blog silencieusement, celui de Clarabel notamment, et c’est ça qui m’a donné envie de bloguer.
    Ce que je me demande, c’est, si ces sociologues ignorent tout des blogueurs et n’en interrogent que 4, est-ce qu’ils vont pouvoir arriver à quelque chose de pertinent, du fait que les blogueurs peuvent avoir des profils très différents? 4 c’est pas franchement représentatif comme échantillon d’un point de vue statistique!

  15. C’est vrai aussi que dans ce côté intimiste, nous avons tendance à lire (de plus en plus) des livres qui vont nous plaire ! Quand un livre m’ennuie maintenant, j’abandonne et je dis pourquoi certes mais je ne perds plus de temps à aller jusqu’au bout. Quand un livre m’a déplu ou que j’y ai trouvé des coquilles monumentales, je ne me gêne pas pour le dire et qu’importe si c’est un partenariat ! Mais pour les visites sur le blog, je ne sais pas si ce sont des visites « uniques » ou s’il s’agit de la même personne qui vient plusieurs fois ! Il faudra que tu m’expliques… 🙂

  16. Très intéressant cette discussion avec cette sociologue, et comme je te connais peu je suis objective…et confirme que tu étais bien placée pour parler de tout cela !! caaaar…Ton blog est quand même une bonne source de trouvailles : figure-toi que notre blog n’a que 8mois mais cela fait beaucoup plus longtemps que je viens « en silence » consulter tes billets et tes livres ! Et oui ! en fait, je lis des blogs depuis très longtemps pour me faire une opinion mais j’ai du laisser environ deux comm’ pour une quinzaine de blogs lus à chaque fois ! Ceux qui sont lus par les non blogueurs comme j’étais sont ceux qui sont bien référencés, ça c’est une certitude. Et ensuite, on revient vers ceux 1) qui ont un style qu’on aime 2) vers ceux qui proposent des livres dont on n’a pas entendu parler. Après, il y a d’autres raisons mais celles-la sont les plus importantes d’après mon expérience de non blogueuse (qui fut plus longue que celle de blogueuse !)
    Pour l’âge des blogueuses,, c’est marrant mais quand j’ai une bonne affinité avec quelqu’un…j’ai tendance à penser qu’elle a mon âge !!!! Je suis comme toi, je pensais plutôt 30-40 ans de moyenne mais en fait, il existe de nombreux blogs de 20-325 ans, surtout en fantasy,etc…Regarde Herisson, elle est toute jeunette, je la croyais bien plus âgée du fait de son expérience et de ses billets ! comme quoi !
    Quant au but du blogueur avec son blog, en ce qui nous concerne, on voulait faire un truc toutes les deux « mère-fille » et comme on aime les livres et l’informatique…Et voilà ! on ne recherche pas la gloire mais j’avoue que je suis toute contente quand Jen fait un billet et qu’elle est lue et qu’il y a des comm’ ! Elle a eu deux retours d’auteurs, moi deux aussi ; mais par contre, on a sollicité des petits éditeurs pour les booster, et un seul a répondu (et nous a offert deux livres ! sympa !) Les auteurs ne connaissent pas toujours bien les blogs et ce n’est pas pour ça qu’on n’a pas de poids, comme je te l’ai dit, j’ai choisi de nombreuses lectures par rapport aux avis de blogs comme le tien. Et en général, je n’ai pas été déçue.
    Bises et bonne continuation, (et bon réveillon !)

    bon j’arrête de m’étaler

    • Merci Jeneen pour ce commentaire ! Parfois on reçoit un mail d’une personne qui nous suit en silence, et c’est toujours très touchant ! Moi aussi j’ai d’abord lu les blogs avant d’ouvrir le mien, et je les suis toujours car ceux que l’on découvre et que l’on suit en premier garde une place à part !
      Quant à la reconnaissance, je t’avoue que je n’y pense pas plus que cela quand j’écris un billet, mais bien sûr je suis très heureuse quand un auteur me laisse un com, même si cela m’angoisse et me fait relire 15 fois mon billet pour corriger les fautes 😉 !
      Je te souhaite de continuer encore longtemps ton blog, quelle belle idée d’écrire et de lire avec sa fille !

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