18h53
Vendredi matin j’avais rendez-vous avec une jeune femme, docteure en sociologie. Elle m’avait contactée il y a un peu moins d’un mois dans le cadre d’un appel d’offre lancé par le ministère de la Culture qui s’interroge, entre autre, sur les blogs de lecture. Il va de soi que j’ai répondu positivement à cette demande d’entretien, et c’est ainsi que vendredi matin je me suis retrouvée dans un café à papoter pendant 3 heures sur les blogs.
Les questions étaient très variées, allant de mon propre parcours, de la raison d’ouverture de mon blog, des relations entre blogueurs, des relations entre blogueurs et maison d’édition, auteurs et j’en passe, aux modes de fonctionnement, au classement wikio/ebuzzing, en passant par les challenges, Facebook, les pseudos, l’âge des blogueurs, les amitiés créées etc. etc. L’entretien était bien construit et j’ai trouvé cet échange particulièrement intéressant car il faisait écho à plusieurs réflexions que j’ai pu mener ici même.
Etant intarissable sur la question, l’entretien qui ne devait durer qu’une heure et demi a finalement duré, comme je le disais plus haut, trois heures.
Se pose alors toujours la question de l’influence des blogs sur le monde de l’édition et sur les achats en librairie. La personne qui a mené l’entretien devait d’ailleurs interroger des maisons d’édition pour compléter son étude. Peut-être cela permettra-t-il d’avoir une réponse, ou un commencement de réponse notamment sur la raison des services presse que certaines maisons d’édition veulent bien nous envoyer.
Aujourd’hui j’ai lu avec attention un billet intéressant publié sur le blog Livrogne, et qui rejoint, sur certains points l’entretien fait avec la sociologue. En effet Noann regrette le peu de retour de la part des maisons d’édition et des auteurs sur les billets publiés sur son blog de lecture qui a pourtant une grand nombre de visiteurs et de visualisations. Ce manque de retour, et donc, en quelque sorte, de reconnaissance, entraîne, semble-t-il, chez Noann, un certain découragement. Je vous invite à lire son billet.
Lors de l’entretien, nous avons en effet évoqué le problème de crédibilité que les blogueurs peuvent avoir vis-à-vis des critiques professionnels, et donc des maisons d’édition. Quelle est véritablement notre place dans ce monde littéraire, quelle est éventuellement l’ambition que nous accordons à notre blog de lecture ? Je crois que tout dépend finalement de ce que l’on veut faire de notre blog, de ce qu’il représente, de ce que nous cherchons. Il me semble que la plupart des blogueurs est dans une position « attentiste », j’entends par là que nous ne provoquons pas forcément la relation avec un auteur ou avec une maison d’édition, et que, bien souvent, ce sont eux qui viennent nous chercher. Lorsque cela arrive, nous sommes généralement très contents, du moins, moi je le suis, mais ce n’est pas forcément ce que je recherchais à l’ouverture de mon blog, pour la simple raison, que jamais, je n’ai pu imaginer qu’un auteur laisserait un commentaire sur mon blog suite un billet sur l’un de ses romans, par exemple. Quand cela est arrivé (peut-être 5 ou 6 fois en presque 3 ans!), ce fut une vraie récompense et une vraie surprise, car mon but n’était pas celui-là, et que ma seule ambition, si ambition il y avait, était avant tout de me faire plaisir, d’écrire sur mes lectures.
Je crois aussi qu’il ne faut pas se leurrer sur notre relation avec les maisons d’édition, il s’agit d’un deal, rien de plus, un nouveau concept marketing, et nos blogs ne sont que des vitrines en plus par rapport aux grands médias. Il peut arriver que nous entretenions parfois des liens plus personnels avec certains responsables des services presse de certaines maisons d’édition, mais nous sommes juste un maillon supplémentaire de la chaîne de promotion. Je peux comprendre le découragement de Noann, mais je crois que notre envie de bloguer et d’écrire sur nos lectures ne doivent pas se limiter aux retours que nous pourrions avoir avec tel ou tel auteur, ou maison d’édition. Comme le dit très bien Gillossen dans son billet paru le 3 décembre sur le site Elbakin (et que Leiloona avait relayé sur Facebook), nous devons garder notre liberté de chroniquer et de ne pas aimer un roman même si celui-ci nous a été envoyé en service presse, c’est notre liberté face à ce deal dont je parlais plus haut, et c’est aussi le risque que prennent les maisons d’édition en nous envoyant leurs romans. C’est pourquoi je pense sincèrement que la critique négative est essentielle car elle marque notre différence face aux critiques souvent trop consensuelles que nous pouvons lire dans la presse, ou entendre à la télé ou à la radio.
Une chose est sûre le travail de « ma » docteure en sociologie sur les blogs de lecture marque sans doute un certain tournant, et révèle aussi que les blogs commencent à poser question, et à intriguer.
J’attends la suite avec impatience, et ne manquerais pas d’en parler ici.