17h38
Ce journal m’aide souvent à faire le point sur, à la fois, ma pratique du blog mais aussi ma passion pour la lecture. Je m’interroge souvent sur la valeur de ce journal. Du fait qu’il soit public cela me contraint, que je le veuille ou non, à être parfois dans l’implicite, un implicite que certains perçoivent et d’autres pas. Cet implicite vient surtout du fait que, non, contrairement à ce que l’on peut penser, nous ne sommes pas totalement libres sur internet, comme nous ne le sommes pas non plus véritablement dans la vie réelle d’ailleurs. Mais le problème réside plus dans la forme et le choix de cette forme pour s’exprimer. Le journal, tel que je le conçois et tel que je voudrais qu’il soit, sous-entend que je me livre, que je dise mes humeurs, mes joies, mes déceptions, mes colères parfois, bref mes états d’âme. Le fait que je le fasse sur le net, c’est-à-dire que tout le monde puisse y accéder, peut poser un certain problème. Mais écrire un journal sans que la notion de confession vienne s’y ajouter, cela ne me semble pas possible. Alors bien sûr, je ne me sers pas de ce journal pour parler de ma vie, ce journal reste circonscrit à ce que je vis en tant que blogueuse et en tant que lectrice. Cette réflexion je la dois à la fois à une longue discussion téléphonique avec mon amie Frannso à propos des blogs généralistes et à un échange un peu houleux entre Stéphie, du blog Mille et une pages, et moi sur Facebook. Dans la mesure où cet échange a eu lieu sur Facebook et donc, que cela soit accessible à beaucoup de personnes (notamment nos amis en commun), je pense donc que je peux en parler. De notre échange, qui malgré tout était finalement assez privé, je ne voudrais retenir ici (le reste n’étant pas le propos) que la remarque selon laquelle je me « répands » sur internet à travers ce journal.
Cette critique peut avoir effectivement sa raison d’être. Car faire un journal c’est effectivement répandre ses interrogations et ses humeurs, c’est s’interroger sur soi, mais aussi sur sa relation avec les autres et toujours, en ce qui concerne ce journal, dans un cadre bien défini. Le problème étant de savoir jusqu’à quel point se répandre devient-il obscène, ou/et nuisible à soi et à ceux qui, éventuellement, seraient concernés. L’implicite, l’entre-deux des lignes, permet en effet de dire tout en ne disant pas. Pourquoi je l’utilise. Pour une raison essentielle, qui est qu’il règne, je dois bien le reconnaître, une certaine hypocrisie, à laquelle je participe, moi, mais aussi presque tous les blogueurs, que ce soit sur les blogs de lecture comme sur n’importe quelle autre blogosphère. Cette hypocrisie naît essentiellement du fait qu’elle relève d’une certaine politesse et d’un certain respect, ce qui peut paraître paradoxal. Oui, l’implicite permet de rester poli, d’éviter la confrontation… sauf qu’à force, la frontière entre politesse et hypocrisie est vite franchie. Et puis surtout, même implicitement, les choses sont dites.
Alors comment faire ? La difficulté est de savoir s’il faut être explicite, c’est-à-dire « dire tout haut » ou se taire. Voilà où j’en suis rendue aujourd’hui. Faut-il rester dans ce doux et hypocrite implicite que seule une poignée de personnes saisit ou lever le voile ? On peut, comme je le disais, laisser siffler les vipères sur nos têtes, faire fi de tout cela, refuser d’y accorder de l’importance, ne plus relever les allusions, faire comme si cela n’existait pas, j’ai essayé de le faire, mais ça ne marche pas, et surtout, et peut-être que c’est cela le pire finalement, cela me contraint, et je n’aime ni la contrainte ni la censure qu’elle soit dictée par une autorité supérieure, ou, pire, par soi-même. Je refuse de m’auto-censurer comme je refuse de me taire et de faire comme ci… Alors cela ne veut pas dire non plus que je vais laver mon linge sale de blogueuse en famille, cela veut seulement dire que, pour que je puisse continuer à écrire ce blog mais aussi l’autre, celui de lecture, il faut que je me sente libre. Et ces derniers mois, je ne me sens plus libre.
Aussi, j’ai décidé de ne plus être dans l’implicite. Je suis entièrement consciente que cette décision va, très certainement provoqué des réactions. Mon but, je le répète, n’est pas de dénoncer telle ou telle pratique que j’ai pu relever sur les blogs, ni de pointer du doigt tel ou telle, mais, si, comme cela m’arrive parfois, je tombe sur des blogs qui attaquent implicitement mon blog ou ma personne, c’est-à-dire qui font cas publiquement de mes blogs ou de moi pour nous dénigrer, je me réserve le droit d’y répondre. Dans la mesure où l’on parle de moi et de mes blogs sur internet, j’estime être en droit d’y répondre, mais je le ferai explicitement, exactement comme un droit réponse que l’on peut obtenir dans n’importe quel média, et internet est un média.
Ce billet est juste une mise au point, il ne s’agit pas de critiquer les propos de Stéphie, nous nous sommes expliqués, je vous demanderai donc d’éviter de tenir des propos désagréables à son propos, ce n’est pas le lieu ni le but de ce billet. J’avais juste besoin de faire le point, sinon je pense que je serais prête à fermer définitivement mes blogs. J’espère juste que cela sera compris.