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D’où vient que nous commençons un livre plutôt qu’un autre ? d’où vient que nous décidons de l’abandonner, pour en ouvrir un autre ? La question se pose notamment quand, comme moi, nous avons, chez nous, quelques centaines de livres en attente.
En préparant des oraux, je consultais la liste des œuvres étudiées : La Duchesse de Langeais de Balzac, Le ravissement de Lol V. Stein de Duras ou encore La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette et Un amour de Swann de Proust. Sur tous ces livres, j’en ai lu deux. Pour les deux autres, l’histoire est un peu différente.
J’étais sûre d’avoir, quelque part La Duchesse de Langeais, acheté lors de la sortie du film avec Guillaume Depardieu, j’avais alors remarqué que je l’avais déjà, il était donc sensé être en double dans ma bibliothèque. Mais au moment de le chercher, impossible de lui mettre la main dessus, l’original, comme son sosie, étaient introuvables. Finalement, j’ai ressorti un vieil exemplaire de L’Histoire des Treize qui comprend La Duchesse de Langeais. Mais seul un problème, concernant la Duchesse, était résolu.
Pour Le ravissement de Lol V. Stein, je l’ai redécouvert, coincé sagement entre La Douleur et Des journées entières dans les arbres, je ne me souvenais plus l’avoir acheté, cela remonte à une bonne quinzaine d’années, sans doute au moment où, finalement, je me suis décidée à aimer Duras.
Et c’est là que je regrette vraiment de ne pas lire plus vite, de n’être pas capable de lire un livre conséquent par jour, de ne pas toujours trouver le temps !
Quand je prépare ces oraux blancs que je fais passer à des élèves de Première, j’aime toujours découvrir leurs listes, le choix des œuvres fait par leur prof, cela me donne envie de relire les classiques, lus il y a quelques années, ou lire ceux que je n’ai encore jamais lus. Mais je me heurte toujours au fameux manque de temps et à ma fameuse lenteur !
Ces oraux me permettent aussi d’avoir l’avis de la jeunesse sur les classiques et j’ai souvent de belles surprises, et de beaux échanges. Je me rends essentiellement dans des lycées privés de Paris, du centre de Paris, des lycées bien classés, s’il en est. Ce sont souvent des élèves brillants (mais pas tous hein, il faut rester objective!!!). Aussi cette semaine, une élève m’a avoué, un peu gênée, qu’elle avait pleuré en finissant le roman Julien Gracq Un balcon en forêt ; un autre m’a dit que ses parents possédaient une très grande bibliothèque dans laquelle il piochait et qui contenait beaucoup de classiques…. Ahhhhh comme je l’ai envié !!! Ces rencontres sont souvent très riches, et il m’est très agréable de parler littérature avec eux. Je constate aussi que, malgré tout, leurs connaissances se limitent souvent aux œuvres étudiées en cours, et qu’ils ont du mal à avoir une perceptive large des mouvements littéraires. Il m’arrive de m’emballer et de parler parfois un peu trop, mais je ressors souvent de ces oraux, fatiguée mais finalement heureuse, car je constate alors que cette amour pour la littérature est bien vivante en moi, et que parler littérature me fait du bien ! Certaines listes sont bien sûr plus intéressantes et novatrices que d’autres, et je soupire souvent quand je tombe sur le sempiternel Candide ou Dom Juan, mais finalement j’ai toujours un peu l’impression de les redécouvrir.
Tout cela pour dire que j’ai très envie de lire La Duchesse de Langeais de Balzac, et que je me suis plongée dans Le Ravissement de Lol V. Stein de Duras…