16h27
L’interrogation n’est pas nouvelle et Jean-Paul y a répondu avant moi et sans aucun doute avec plus de talent ! Il ne s’agit donc pas pour moi, d’écrire un billet sur la littérature engagée, mais plutôt sur mon engagement en littérature.
Cette interrogation germe dans ma tête depuis plusieurs mois, et soudain m’est apparue une dichotomie assez claire qui était sous mon nez depuis longtemps : la distinction entre Lecture dilettante et Lecture Littéraire. Deux types de lecture qui entraînent deux perceptions des livres. Si enfant et encore adolescente, je lisais en dilettante, je pense que mes études de lettres, m’ont permis de percevoir les livres d’une autre façon, la façon littéraire, de faire la distinction entre une œuvre littéraire et une œuvre qui ne le serait pas.
J’ai souvent hésité en parlant de mon blog entre dire un blog de lecture ou un blog littéraire. Pour une raison simple qui est que, de plus en plus, l’adjectif littéraire se trouve auréolé d’un préjugé de plus en plus tenace assimilé à intellectuel. Aussi dire que mon blog est littéraire, c’est courir le risque d’être taxée d’intello, de snob et j’en passe.
Il convient donc dans un premier temps de remettre les choses à leur place. Ainsi le terme Littérature signifie avant tout : « ensemble des œuvres écrites comportant une dimension esthétique« . Les romans dits littéraires relèvent donc de l’esthétique, c’est-à-dire de l’art, d’une recherche esthétique qui va donc au-delà de l’écriture pour raconter une histoire. (Attention toutefois et petit précision : un blog littéraire ne signifie par un blog ayant une dimension esthétique, mais un blog ayant une démarche littéraire dans l’appréciation des œuvres).
Tout comme un roman littéraire n’est pas forcément intello et donc ch…., un roman non littéraire n’est pas non plus une vaste fumisterie… les enjeux ne sont, simplement, pas les mêmes. C’est pour cela qu’au début de ce billet je parlais de lecture dilettante et de lecture littéraire, en sachant que je pratique les deux, mais.
Oui, mais… car la lecture si elle est un plaisir (sur ce point il n’est rien à dire), un moment d’évasion (on est d’accord), un divertissement agréable (on s’entend sur cela aussi), la lecture pour moi, va aussi au-delà. Et l’au-delà réside précisément dans cette recherche esthétique que mènent certains auteurs, une recherche stylistique, une réflexion sur l’évolution de l’écriture romanesque. Car ce qui m’intéresse au-delà de l’histoire racontée, au-delà des émotions ressentis, ce sont les mots. Ce que j’aime c’est être surprise par une phrase parfaite, par une page où il ne se passe rien et où pourtant tout est dit. Comme me le faisait remarquer une amie hier, la description d’une simple feuille qui tombe peut être un vrai bonheur littéraire, et de lecture, car le choix des mots aura tendance à sublimer cette chute.
Il ne faut voir ici aucun jugement de valeur en faveur de l’une ou de l’autre lecture. La Lecture sous-entend la lecture d’œuvres littéraires et non, ou moins, littéraires. Et que le grand avantage des livres c’est qu’ils sont très nombreux et variés, et que je passe avec plaisir de l’un à l’autre. Mais je crois aussi que la distinction est nécessaire, et que tout ne se vaut pas.
Mon bonheur de lectrice je le trouve donc autant (pour ne pas dire davantage) dans les mots que dans l’histoire racontée. Je ressens un plaisir intense à sentir que je n’ai pas épuisé tous les sens d’un texte, quand tout n’est pas déballé d’un coup, et que l’on sent, dans le choix des mots, dans les allusions, les références, un sens second qui pourrait nous amener plus loin.
Mais le roman sublime est sans doute celui qui fait oublier le travail sur le style, et qui, sans être pédant, vous embarque dans une histoire.