11h56
Plusieurs évènements m’ont fait m’interroger sur le bien-fondé des critiques négatives postées sur les blogs. A priori, je suis pour rendre compte de toutes mes lectures, sur mon blog (mais nous verrons que tous les blogueurs-lecteurs n’ont pas forcément cette envie-là), les bonnes, les bof-bof voire les mauvaises (tout cela bien sûr de mon propre point de vue!). Dire du bien d’un livre que l’on a aimé, cela va de soi, mais dire du mal d’un livre qui nous a ennuyé, que nous n’avons pas aimé, est-ce nécessaire ?
Certains estiment que du moment que le livre ne leur a pas plu, il est alors inutile d’en parler, ce que je conçois. Il existe aussi une autre raison d’éviter les billets négatifs sur certains romans : le risque de polémique, voire de conflit avec soit d’autres internautes, soit avec l’auteur lui-même (sauf si bien sûr le pauvre est passé de vie à trépas !). Plusieurs affaires récentes ont en effet montré que les auteurs, parfois, perdent de leur retenu et se montrent particulièrement virulents, insultants, et vindicatifs quand nos billets ne rendent pas un vibrant hommage à leur œuvre*. On peut décider de façon très justifiée de s’éviter ce genre de désagrément, et de ne parler que des trains qui arrivent à l’heure. Rien de mal à ça. On ne fait pas non plus un blog pour s’en prendre plein la figure ! mais voilà, j’avoue que ne montrer d’un versant de la montagne ne me satisfait pas dans ma propre pratique du blog.
Je pense que toute critique est bonne à dire à condition que celle-ci soit justifiée et suffisamment argumentée pour ne pas devenir qu’un billet d’humeur revanchard et stérile. Il faut donc être un peu diplomate. J’essaie alors d’éviter les noms d’oiseau, les blagues et jeux mots faciles (même si l’envie me titille parfois), et tente d’expliquer ce qui ne m’a pas plu, comme j’essaie aussi de le faire quand un roman m’a plu. Logique ! Et puis, je dois l’avouer, je trouve qu’il est finalement, souvent, beaucoup plus facile d’expliquer les raisons d’un désamour, même si, derrière un roman mal-aimé, se cache toujours un sentiment de frustration et de perte de temps.
Une critique négative présente aussi un autre risque : elle est séduisante parce qu’elle fait rire, et que le risque est de tomber dans la mauvaise foi en voulant faire un bon mot. Bref, pour faire une critique négative d’un roman, j’ai l’impression que, de plus en plus, nous allons être amenés à tourner 7 fois nos doigts au-dessus du clavier avant de nous lancer, et sortir les pare-feu, les anti-missiles et tous les boucliers à notre portée.
Pourtant, je reste convaincue que cela est nécessaire (pas les boucliers hein, mais les critiques négatives), parce qu’elles sont souvent absentes des médias traditionnels, mais aussi parce que je suis avant tout une lectrice lambda, et que mes billets reflètent mes lectures, toutes mes lectures, même les mauvaises et que je ne vois pas pourquoi je n’en parlerais pas. Mais cela relève d’un choix personnel.
En visitant le tout nouveau blog de Diabazo, j’ai justement été intéressée par ce qu’elle dit de ses choix sur son blog, de ce « dégagement de responsabilité », comme elle l’appelle. J’ai aimé justement ce qu’elle dit des éventuels billets critiques (négatifs) qui seront susceptibles d’être écrits, de sa justification (on doit souvent se justifier du négatif et rarement du positif), et cette remarque, qui montre bien à quel point il n’est plus du tout évident aujourd’hui de d’oser donner des avis négatifs (je me permets de la citer, mais en suivant le lien plus haut vous aurez accès à tout son billet!) : « Mais bon, rassurez vous, je suis pas une franche guerrière (pas taper moi, pas taper moi), je ne vais parler que des livres que j’ai aimé, ça sera moins risqué ! ».
Le risque donc, nous ferait peut-être perdre l’envie de nous exprimer sur un roman-somnifère. Il faut, c’est vrai, avoir les épaules solides parfois pour affronter la controverse ou les insultes, avoir du répondant, voire une grande-gueule, et ne pas se laisser démonter par quelques noms d’oiseau qui ont tôt fait de nous rabaisser à l’état de femelle décérébrée. Et bien disons que je prends le risque, que je l’ai déjà pris, que ce n’est pas toujours très agréable (je l’avoue), que c’est même souvent source de conflits et de jugements à l’emporte-pièce, non pas tant sur ce que l’on dit, mais sur ce que l’on est, ou plutôt sur ce que les autres pensent que l’on est, mais je considère que cela participe aussi de ma liberté de bloguer, et que la peur du risque n’est pas en soi, pour moi, une raison suffisante, même si je comprends parfaitement que beaucoup préfèrent de pas s’y frotter.
Je n’aime pas le conflit ou la polémique pour la polémique, j’aime le débat, ce qui n’est pas la même chose, et débattre autour d’un roman que je n’ai pas aimé m’intéresse, quand le dit débat se révèle constructif.
C’était la pensée du jour, sans doute mal ficelée et incomplète, peut-être vaine, mais si vous passez par là, j’aimerais bien connaître votre avis sur la question.
*je signale cependant, que la majorité d’entre eux a suffisamment d’intelligence et de savoir-vivre pour prendre avec philosophie un billet négatif.