Hier soir, j’ai donc commencé ma lecture de La Dame du manoir de Wildfell Hall d’Anne Brontë (Editions Archipoche). Comme je le signalais dans mon billet d’hier, je possède ce roman depuis plus de trois ans dans une autre édition (Phébus), au titre différent : La Recluse de Wildfell Hall. J’avais déjà parlé en son temps de ces changements de titres selon les éditions. Le tire original du roman est : The Tenant of Wildfell Hall. Or « the tenant » signifie exactement « la locataire ».


En commençant la lecture du roman dans l’édition poche, j’ai été un peu surprise de l’entrée en matière : « Remontons, si tu le veux bien, à l’automne 1827. » (p.15), et la fin du chapitre m’a laissé penser qu’il y avait un petit souci : « Ton fidèle Gilbert Markham ». Il s’agissait donc d’une lettre dont, visiblement il manquait le début. Je suis donc allé déterrer mon exemplaire Phébus, et j’ai beaucoup mieux compris.
En effet dans l’édition Phébus, non seulement figure une préface écrite par Anne Brontë, sous son pseudonyme Acton Bell, et datant du 22 juillet 1848, mais on peut y lire également le début de la lettre qui explique la confession de Gilbert à son ami J. Halford. Il semblerait donc que les deux éditions ne s’appuient pas sur le même texte originel.
Poursuivant mes recherches, et cherchant à comprendre cette différence, j’ai lu la note de l’éditeur chez Phébus. Et voilà ce que j’ai lu :
En 1854 paraît chez Thomas Hogson une nouvelle édition bon marché de La Recluse, version malheureusement lourdement expurgée – et expurgée bien sûr de ses éléments les plus scandaleux. Il n’existe plus aucune trace du manuscrit original d’Anne Brontë, et c’est cette édition qui deviendra, jusqu’à une date récente, la base de toutes les éditions anglaises, et partant, des traductions.
La version que nous vous présentons ici, publiée en France en 1947 sous le titre La Recluse de Haworth, a donc été complètès des éléments manquants à partir de la version « originale » de 1848. [pp.7/8]
Au contraire, dans l’édition Archipoche, aucune indication sur le choix du texte de base, mais tout laisse penser que l’éditeur se soit appuyé sur la réédition de 1854, et non sur celle de 1848. A cette découverte, j’ai donc décidé de me fier à l’édition Phébus, que je trouve donc plus fidèle au texte de l’auteur. J’ai également été décidée par une mise en comparaison des traductions, comparaison qui m’a permis de voir les différences, certes minimes mais…
Cette petite mésaventure reste cependant intéressante, car elle prouve à quel point un éditeur d’œuvres en langue étrangère (donc nécessitant une traduction) et anciennes doit veiller à choisir une version la plus proche possible de l’originale, et doit aussi se méfier des remaniements qui ont pu peser sur cette version à une époque où certains sujets étaient quelque peu shocking et revue pour la bienséance.
Il est effectivement tout à fait louable aux éditions Archipoche de rendre accessible dans ce format, des romans qui sont souvent difficiles à trouver, mais c’est quand même bien dommage de ne pas respecter davantage le texte de l’auteur.